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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/55

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LE DIABLE AU CORPS.


» d’un excès : je ne me le pardonnerais de ma vie ».

PHILIPPINE.

D’où vous venait cette générosité, Madame ?

LA MARQUISE.

Ne vois-tu pas, petite imbécille, que c’était le moyen de stimuler celle du Gascon ! Il pouvait prendre la balle au bond et me dire galamment : « Belle Marquise, je me trouve trop bien de vos précieuses faveurs pour que je veuille risquer de m’en priver, en abusant de mes forces. Je perds cinquante louis avec le plus grand plaisir du monde ». Enfin quelque chose d’approchant… Point du tout : comme si ce maudit infatigable avait craint que je ne me refusasse à la septieme accolade après que j’aurais dormi, pas pour un diable, il a voulu regagner sa somme entiere avant de me laisser fermer l’œil !

PHILIPPINE.

Et force à vous d’en passer par-là ?

LA MARQUISE.

Il l’a bien fallu. Mais pour le coup, je l’ai favorisé le plus maussadement du monde ; je me suis plainte, j’ai fait des soupirs comme de douleur ; je lui ai dit avec le ton de l’anéantissement : « Vous me tuez, mon cher… Je suis martyre de votre ambition et de l’extrême crainte que vous avez de perdre… Vous ne me devez rien… Encore une fois, retirez-vous… Je vais vous donner cinquante