Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/551

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
LE DIABLE AU CORPS.


vous, de voir, moi, de conserver si long-tems sur la scene, où vraiment il est trop heureux, vous me feriez peut-être l’affront d’un démenti, si je vous disais, avec une assurance (fondée pourtant sur la vérité) que la houri, butée à mettre son divin Mahomet sur les dents, ne le laissa en paix qu’après quatorze bénédictions bien complettes… Je sens que je vous révolte : je conçois que le trait est invraisemblable ; qu’une crême infernale, et deux bonbonnieres de diabolini vidées, ne sont pas des moyens d’enchantement assez puissans… Cependant, si la Marquise a couché sur son journal, en toutes lettres fort lisibles : « Un tel jour, avec Mahomet-Hilarion… quatorze, en huit heures » ; et si nous avons nous-mêmes vérifié la note d’après l’original, l’ayant d’abord crue une faute de copie, qu’opposerez-vous à cette autorité ? Y avait-il donc de la gloire, pour la Marquise, à rendre ainsi quatorze fois plus impardonnable sa premiere turpitude, qui était d’avoir eu l’idée, seulement, de se prostituer au plus sot, au plus gauche, au moins attrayant des hommes ! On en absout à peine la subalterne Nicole !… Réfléchissons cependant ! Quel est l’éternel refrain de cette véridique compilation de prouesses libidineuses, de priapiques excès ? — Le Diable au corps : — Ce n’est pas l’avoir que de sacrifier mollement, voluptueusement, aux charmes, aux graces, à la fraîche et séduisante