téresser, je m’apperçois qu’on hausse les
épaules, qu’on a l’air d’être furieuse contre
moi ! Cela me fâche : je brusque la mere, je
donne au diable la commission, les contre-tems,
les recruteurs et jusqu’à l’écrivain quelconque
de la funeste missive. — Tout doux,
s’il vous plaît, Mr. Cascaret (riposte avec aigreur
la mere, grande partisane de son fringant
locataire. — La lettre était supposée de lui.)
M. le Baron serait à bon droit très-choqué s’il
savait… — Quoi donc ? de quoi s’agit-il ? que
dit-on ici de moi ? (C’était le Baron lui-même
qui survenait radieux.) — Rien, Monsieur
(dit la mere, en souriant.) — Rien, dit la fille,
d’un ton embarrassé. Rien, dis-je à mon tour
avec humeur… Et nous voilà tous à nous
taire, faisant une assez triste figure. Nicole n’y
tient plus : tandis que sa mere a le dos tourné,
la pauvre fille hausse les bras, renverse la tête,
mord avec rage son mouchoir et s’évade. En
même-tems, je vois sourire avec malice le
cruel Baron, qui, pour faire diversion, court
sur la mere, la lutine, lui dit des gaudrioles ;
la fâche ; la fait rire ; lui prend les mains et,
— Allons : déridons-nous donc, ma belle commere ;
(il avait eu la complaisance de tenir avec
elle un enfant.) Çà, Cascaret, ton violon ? et
joue-nous une sauteuse[1], mon ami. — Je
n’avais garde. Lui, sans se déconcerter, la
chante, fait tourner la maman, la saisit, l’enleve,
et me promene par-dessus la tête tout ce
que ne peut manquer de montrer une danseuse
sans caleçons, entre les bras d’un sauteur
mal-adroit ou malin.
- ↑ Danse bourguignonne fort allègre.