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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/675

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LE DIABLE AU CORPS.

BELAMOUR.

Il était aux aguets, et, d’après le mic-mac qu’il vit résulter de la trahison, il sentit apparemment que sa propre intervention serait nécessaire pour le rétablissement de l’harmonie… Comme, pour aller me coucher, il fallait que je passasse devant sa porte, il m’attendait. — Un mot, Cascaret (dit-il d’un ton fort amical.) Je ne voulais ni répondre, ni m’arrêter. Il me prend la main. — Parbleu, l’ami, tu me donneras une minute d’audience. Ne crois pas que je te laisse aller dormir toute une nuit sur cette terrible rancune. Toi, bouder le meilleur de tes amis ! en serais-tu bien capable ! — À ces mots, que je pris pour une insultante ironie, s’il eût été mon égal !… Cependant il insiste. — Viens, mon doux Cascaret !

LA COMTESSE.

Ces petits Messieurs se cajolent : voilà de leur style. Ne dirait-on pas une jolie femme qui parle à quelque amant ?

(Belamour sourit.)
BELAMOUR.

Je suis bon diable : notre liaison avait été jusques-là… bien étroite. À l’âge que nous avions alors on n’a, dans le genre pénible, que des premiers mouvemens… M. le Baron avait de l’esprit : il fascina le mien, laissa glisser mes reproches, me prouva presque, qu’au contentement près d’un vain amour-propre, il ne m’avait rien dérobé : me promit que, dès le lendemain, il ferait ma paix avec Nicole ;

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