Aller au contenu

Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/733

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
LE DIABLE AU CORPS.


godemiché, qui ne s’y loge pas sans quelque difficulté, mais qui cependant fait enfin son office, au moyen d’un léger mouvement de la tête semblable à celui d’une pagode. Pour lors, chacun travaille et s’entr’aide : c’est quelque chose de ravissant pour la lascive Comtesse, que de voir aller et venir à deux doigts de ses yeux ce fier outil dans l’orifice de corail de la Marquise. Le Comte sent aussi tout le prix de ces deux hémisphères de neige rosée qui, à chaque mouvement, reviennent assez près de lui pour qu’il en sente la voluptueuse chaleur. La Marquise, de son côté, s’exalte, se retrace la scene du couvent où sa petite amie fut si vigoureusement fêtée. Elle se peint un prieur d’une beauté proportionnée à ce qu’elle connaît de lui, et s’en croit à son tour exploitée… Les imaginations sont montées à tel point que cette ridicule passade a tout l’effet de la plus galante jouissance. Jamais la Comtesse n’avait donné tant de plaisir à son capricieux enfileur. Jamais elle-même n’avait été aussi contente de lui. Elle était bien assurée qu’il n’avait point triché cette fois, et que bien fidélement leurs prolifiques onctions s’étaient confondues : ce qui du côté du Comte, était bien plus souvent feint qu’exécuté. La Marquise aussi parfaitement amusée, ne peut s’empêcher de s’écrier en dardant certain élixir dont deux gouttes tombent sur le front de son amie : « Ah ! fortuné Ribaudin ! que tu dois être aimable ! »