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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/742

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LE DIABLE AU CORPS.


plutôt par vanité, qu’à l’instigation de quelque pressant desir. Cependant, comme au bout d’environ dix minutes, l’opération n’avançait point, la belle se lasse de cadencer ; le sommeil la surprend, et si fort que, tout d’une piece, elle dort jusqu’à l’apparition d’une fille-de-chambre chargée de venir faire jour à neuf heures du matin.

Au réveil, quelle surprise de se trouver encore enfilée !… Le premier mouvement est d’en rire et de vouloir complimenter l’infatigable bandeur. Point du tout : c’est qu’il n’y a plus de Vicomte ! Un cadavre froid et déja roide n’obéit plus à aucun mouvement ; la pauvre fille ne peut qu’à peine se dégager du bras immobile et pesant qui la tient enlacée : une horreur réelle succede alors à l’illusion du plaisir : la maîtresse, la soubrette, également pénétrées d’effroi, jettent les hauts cris et perdent la tête. On accourt : leur innocence ne peut être suspecte, mais on ne vient point à bout de les rassurer. L’infortunée chanteuse, saisie d’un tremblement convulsif, est bientôt privée de l’usage de ses sens… Heureusement pour elle, arrive, à travers la bagarre, son. répétiteur de chant, personnage acteur, habile dans plus d’un genre, et qui connaît sur-tout à fond, les ressources du tempérament de son écoliere… Il vous la saisit évanouie, la transporte dans une piece voisine, s’enferme avec elle, et lui administre, sans perdre un instant, une, deux et trois fois de suite la sublime électricité. Ce puissant secours la ranime enfin ; elle respire, ouvre les yeux, reconnaît son bienfaiteur, lui parle, l’embrasse… Elle est sauvée.