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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/819

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LE DIABLE AU CORPS.


« Attention pour partir au commandement… Pille. » À l’instant chaque garçonnet se rue sur le tendron qui lui fait face : tout est troussé, fourragé et bientôt enfilé, car la milice la plus tendre n’a pas besoin d’être fort exercée pour savoir exécuter tout au mieux de pareilles évolutions.

Peigne qui pourra les graces fraîches et molles de cet assaut ingénu. Que dis-je, lecteur ! ce serait vous manquer que de le décrire. Si vous êtes voluptueux, votre ardente imagination saura bien se tracer, sans mon secours, cette riante et rare image ! je ne risquerai point de la souiller avec mes pinceaux un peu salis des couleurs fermes que j’agite depuis long-tems sur ma confuse palette.

Pendant cette intéressante mêlée, presque partout les desirs se rallumaient, comme on voit le charbon du papier brûlé se sillonner de mille étincelles, quand une nouvelle feuille embrasée vient le toucher. Les Dames souffraient derechef un doux pillage ; quelques-unes étaient plus solidement amusées.

La Bohémienne Caverny, se trouvait placée entre Zamor et Dom Ribaudin ; elle s’était, par distraction, emparée de leurs boute-joies, qui sans peine s’étaient réveillés sous sa main sorciere. Ils parurent, à la Dame, être d’une proportion à peu près égale. Son regard se promenait de l’un à