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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/829

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LE DIABLE AU CORPS.


trahi ; mais celui-ci, loin de vouloir la reprendre, avait déja congédié, (pour tranquilliser ses amis) tout son petit serrail. — Il avait fait, au surplus, à chacun de ces vicieux individus, avant de s’en séparer, un don considérable ; l’ingrate Sara ne fut pas traitée avec moins de générosité[1].

Je voudrais bien pouvoir passer sous silence le malheur de la petite Comtesse, mais on m’en saurait mauvais gré. Le lendemain de sa furieuse débauche, elle tomba malade ; on craignit longtems pour ses jours. Au bout de quelques mois, elle s’est mieux portée ; mais un mal dégoûtant assiege encore et mine lentement cette partie d’elle-même qu’on sait lui être si chere. Zamor, le fidele Zamor, a seul le courage de braver la fétidité de ces charmes, qu’un médecin habile ce flatterait cependant de rétablir, si la petite enragée pouvait dompter son habitude et s’astreindre à quelque régime. Elle n’a plus que la peau ; ses superbes cheveux sont presque tous tombés ; en un mot, elle est fort laide, mais toujours infiniment aimable et gaie encore, malgré son fâcheux état. Sourcillac est mort et l’a faite son héritiere. Puisse-t-elle, pour nous faire plaisir, recouvrer la santé ; sans ce bien, il n’est point de vraie jouissance.

  1. Il paraît que cette réforme était déja faite lors de la derniere orgie, puisque aucun de ces êtres à gages n’y figurait.