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LE DOCTORAT IMPROMPTU

tombée sans qu’il y ait eu de dénoûment[1]. Dans quelle âme, chère Juliette, trois aventures consécutives aussi malheureuses n’eussent-elles pas jeté le trouble, la défiance et le dégoût !

« Par une suite bien naturelle de tant de disgrâces, je prends pour le monde une sainte aversion ; à cor et à cri je demande le cloître ; à force d’importunités, j’obtiens enfin d’y être confinée. Là, d’abord dévote presque extatique, mais peu à peu moins sublime ; bientôt désabusée du ciel, et me rabaissant vers la terre, assez

  1. Avec raison on trouverait invraisemblable qu’une jeune et jolie personne entièrement livrée à l’homme qu’elle chérit et qui a tâché de la séduire, ne lui eût rien inspiré au moment de devenir heureux. Le fait est que M. l’abbé, dans ce temps-là même, était cruellement incommodé du bien qu’avait daigné lui faire l’une de ses plus agréables connaissances. Un faible reste de probité s’était opposé à ce qu’il empoisonnât, pour un instant de plaisir, la confiante et parfaitement tendre Érosie. — Comment avons-nous su cela ? — C’est que tout se sait à Paris, aussi bien que dans le plus petit bourg de province.