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LES APHRODITES


madame la marquise. Vous arrivez la première, mais la personne que vous attendez sera probablement bientôt ici.

La Marquise. — Je n’aime pas cette négligence : elle ne présage rien de bon.

Madame Durut. — Permettez ; vos ordres étaient pour cinq heures (elle regarde sa montre) : il n’est que quatre heures vingt-six minutes.

La Marquise. — Avais-je dit cinq heures ? J’aurais donc pu rester quelques moments avec ce pauvre vicomte que j’ai impitoyablement jeté à la porte de sa petite maison de la barrière, sans me laisser fléchir par les instances qu’il me faisait de m’y reposer. Je le connais : il m’aurait amusée ; j’ai craint d’arriver trop tard à mon rendez-vous. Quand il s’agit d’affaires…

    l’air ; un méplat piquant le termine. Certain duvet noirâtre à la lèvre supérieure donne a cette physionomie un air de guerre amoureuse qui n’est point menteur ; jolis pieds, jolies mains ; beaucoup de cheveux, peu de gorge, et tout juste le degré d’embonpoint qui précède la maigreur. La marquise est d’ailleurs petite-maîtresse sans le savoir. Exigeante, mais bonne ; très-fière avec les gens qu’elle ne connaît pas ; excessivement familière quand elle a fait connaissance et qu’on a le bonheur de lui plaire.