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SEMER POUR RECUEILLIR.
fière[1]. À leur suite marchaient, dans un
déshabillé fort propre et sans prétention,
Célestine et Fringante[2], son adjointe, et
enfin madame Durut.
- ↑ Le chevalier de Pinefière, dix-neuf ans. Mis au
monde, et dans le monde, par la plus adorable petite
maîtresse de Paris, le fripon lui a dérobé toutes ses
grâces, son esprit, son charme et son délicieux libertinage.
Pinefière est blond comme sa mère, mais il n’en
est pas moins vif jusqu’à la pétulance et ardent comme
le feu. Une malheureuse aventure à Malte l’ayant fait
surnommer le chevalier M… (*), il quitta la croix et se
proposa de se marier. Mais lancé parmi les Aphrodites,
chez qui sa mère tient un rang distingué, il renonça bientôt
au projet de prendre aucune espèce de chaîne. Il est
tout simplement homme à bonnes fortunes, en attendant
de faire une fin. Beau, joli, fait au tour, il faut que les
yeux voient absolument tout pour être sûr qu’il n’est
point une femme ; mais on n’en doute plus quand il a
montré sept pouces neuf lignes !
(*) Ici était nommé un charmant acteur, peut-être injustement accusé de quelque chose dont tout le monde ne rit pas. Nous avons supprimé ce nom.
- ↑ Fringante, fille aussi magique dans le genre de la brune que Célestine dans celui de la blonde. Fringante a dix-neuf ans, elle a figuré quelque temps à l’Opéra, mais elle s’est dégoûtée de ce tripot parce qu’elle est sans intrigue et dominée par un vorace tempérament qui lui gâtait toutes ses affaires d’intérêts. Assez heureusement née pour ne priser dans l’homme que sa virilité, inaccessible à ces petites répugnances qui ne font grâce ni aux
de privation pour ses amants. Quelque-uns s’en sont effrayés, croyant qu’elle mourait tout de bon ; mais les amis particuliers de la baronne sont parfaitement tranquilles sur cet accident, qui peut lui arriver, sans le moindre danger, quinze ou vingt fois par jour.