Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
MONROSE


J’hésitai longtemps : là, j’ai promis ; un désir curieux me presse ; ici, je dois de la reconnaissance… Refuser les chevaux ?… Il n’eût pas fallu les recevoir. Les renvoyer ? Ce serait se brouiller… avec madame de Folaise ? mon cœur y répugnait trop ; avec Adélaïde ? ce m’eût été parfaitement égal !

« Enfin je me décidai ; avant l’heure où l’on vous fait jour, ma chère comtesse, je fis atteler les chevaux de présent, très-jolis en effet, et qui me transportèrent lestement chez la généreuse baronne. Elle ne comptait assurément pas sur moi si matin. Il était onze heures à peine.

« Il me convint d’attendre quelques minutes au salon. Pour lors, la dame parut, mais dans un négligé de saut-du-lit très-chiffonné, les cheveux en désordre, enluminée, palpitante… « Vous voyez, dit-elle, comme l’impatience de voir tout ce que j’aime, me fait sacrifier le petit intérêt de mon amour-propre ! » Par malheur, la porte qu’elle avait cru fermer, avait fait résistance ; je pus voir très-distinctement, dans une glace, le noir mannequin et la rubiconde face du révérend père confesseur, pliant boutique. La porte ne se refermait point ; mais Sylvina, bien éloignée de soupçonner que j’eusse pu rien voir dans l’autre pièce, demeurait tout