notre héroïne. Vanidor, bon musicien, donnait
des leçons ; non-seulement il poussa Mimi dans
l’art du chant, mais il perfectionna surtout les
admirables dispositions qu’elle avait à devenir,
avec l’aide des libertins, la plus dévergondée
des femmes dans le tête-à-tête, si elle pouvait
conserver, avec beaucoup d’hypocrisie, le décorum
d’une honnête personne en public. On
était bien éloigné d’imaginer que Mimi pût favoriser
quelqu’un ; mais si l’on avait voulu lui
faire cette injure, on aurait nommé toute la ville
avant de penser à Vanidor, capricieusement
traité, mortifié, ravalé plus bas même que ne le
comportait son état de comédien et de coureur
de cachets. Tel est le caprice des humains que
Vanidor, mieux accueilli, plus agréablement
favorisé dans d’autres maisons, préférait pourtant
sa tyrannique maîtresse, et ne pouvait s’en
détacher. Il avait une autre faiblesse, et c’est
celle qui le perdit. D’assez heureuses fortunes
dans la bonne société ne le rendaient point insensible
aux dangereuses agaceries de celles des
dames du spectacle qui pouvaient faire cas de
son talent au boudoir. Vanidor faisait volontiers
leur partie ; une carogne de duègne le
gâta. Des germes corrupteurs, dont le développement
devait par malheur être lent, furent
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MONROSE