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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/199

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MONROSE


charmante Belmont ; une seule chose me chiffonne l’imagination : comment votre docteur Rosimont, qui, ne vous en déplaise, m’a paru épouvantable, peut-il, une fois dans sa vie, avoir plu ? — Pouvez-vous, belle dame, me faire sérieusement cette question enfantine ! Ce paquet, ce rondon à trogne cramoisie, est, au naturel, un fort joli garçon, au visage plein, mais sans bouffissures ; il avait hier, sous ses joues, deux grosses figues sèches, afin de les exhausser : aussi aurez-vous pu remarquer qu’il avait quelque embarras à parler, et qu’il n’a pris qu’un bouillon. Ses sourcils blonds étaient convertis en deux arcs larges, durs et rapprochés, peints au charbon de liège. La perruque, horriblement descendue sur le front, ajoutait au ridicule affecté de ce visage, dont la barbe bleue était encore un effet de l’art. Quant au mannequin, le ventre, les cuisses, les jambes, les bras, tout était exagéré au moyen de coussinets et de bandages, jusqu’à concurrence de remplir un vaste habit, pris à la friperie. Si par accident vous vous fussiez avisées d’ouvrir cette fatale porte de laquelle vous avez tant approché, vous eussiez vu le faux docteur délivré de sa laidement belle perruque, de son noir, de son rouge, de son bleu, sans ventre, etc. ; vous eussiez com-