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MONROSE


manière de m’y amuser, me réussissait chaque fois de mieux en mieux, et rarement une de ces agréables nuits ne me valait pas pour le lendemain quelque chose de plus doux encore. Le bal du lundi gras principalement surpassa mon attente.

« Un jeune masque féminin de la plus jolie tournure, arrivé par derrière moi, m’attaque inopinément. Son costume de Colombine, extrêmement serré, découpait une taille parfaite. On devinait une forêt de cheveux sous leur réseau à l’Espagnole, et vous savez quelle passion j’ai pour les belles chevelures. L’emmanchement délicieux du col, la rebelle fierté de la gorge sous cette veste qui la presse sans l’aplatir, le trait moelleux des bras, malgré leur élégante proportion, plus encore que ces dehors attrayants, l’aimable folie avec laquelle on s’était enlacée familièrement à mon bras, tout cela devient pour moi la plus délectable surprise et le présage de quelque fortuné dénouement.

« Eh bien ! mon pauvre chevalier, me dit la plus jolie voix du monde, te voilà donc de retour de Bretagne ? — Il y paraît. — Je viens de voir là-haut dans une loge une de tes compagnes de voyage. — Le joli masque se trompe :