vais très-bien qu’aucun de mes timides compagnons
ne risquerait de courir après moi, tant
ils craignent les accidents d’un exercice dont ils
n’ont aucune habitude. Trop éloignés, ils ne
vous auront point reconnu ; la générosité d’un
cavalier si leste à me poursuivre les rassure : il
m’aura secourue. Sur ce pied, tel était mon
plan, chevalier : ou ma vue, réveillant un ancien
préjugé, détruisait en un clin d’œil l’heureux
enchantement du bal : dans ce cas, dès
que vous ne m’étiez plus nécessaire, vous aviez
passé ; je revenais seule vers ma société ; ou
bien le cœur continuait de vous dire quelque
chose en faveur de la tendre Colombine ; pour
lors je vous ramenais avec moi ; vous recueilliez,
au milieu de mon cortège, le tribut d’actions
de grâce qu’on vous croyait dû pour un
important service, et l’occasion de nous lier
d’amitié naissait d’autant plus naturellement,
que le hasard nous avait précédemment réunis
dans une maison de connaissance. Je n’ai plus
qu’un mot à vous dire, chevalier. Je suis tout à
fait de retour : mon voyage ne s’est pas fait, à
beaucoup près, aussi agréablement que le vôtre,
mais, à cela près, je n’ai pas moins heureusement
réussi. »
« Je le souhaite, mon cher neveu, car, sachant