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MONROSE


que dire : « Voici une fieffée maîtresse d’escrime toute prête à ferrailler. » Mademoiselle Nicette, Italienne, dont j’aurai plus tard occasion de vous parler, était une virago qu’on pouvait tout aussi bien prendre pour un très-joli garçon que pour une très-belle fille. À la fois musicienne, peintresse, improvisatrice, ses yeux effrontés et roulants achevaient de vous dire : « Nicette est folle. » Telle était la société. Prétendu libérateur de la rusée Moisimont, je pouvais être impunément l’objet de son attention particulière ; aussi s’empare-t-elle de ma main lorsqu’il s’agit de nous rendre à table. Pendant le trajet : « Quand vous ne me verrez plus, dit-elle bien bas, vous vous éclipserez : nous nous retrouverons à l’entresol. »

« Vous me ferez taire, ma chère comtesse, s’il devient fastidieux pour vous d’entendre comment tout se passa pendant un repas somptueux dont les huîtres n’étaient que le prétexte ; c’était un seigneur allemand qui nous faisait ses honneurs : c’est tout dire.

« Au déluge de vin blanc que comportait, une avant-garde de plusieurs cloyères, succéda celui du bordeaux, du bourgogne et du champagne, convoyant nécessairement le corps d’armée composé de toutes les substantielles et stimulantes