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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/308

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MONROSE


discord relevait de sa confuse harmonie les beautés de cette poésie bachico-lyrique. Sylvina, qui croyait savoir très-bien l’italien, parce que son mari l’avait parlé, faisait l’interprète, et s’extasiait en académicienne. Mais le vin l’avait emporté chez M. Des Voutes, qui d’abord l’un des admirateurs, était tombé ronflant dans un fauteuil, malgré les délices de cette musique.

« Mimi avait raison : nous traversâmes cette pièce sans qu’on fît à nous la moindre attention ; nous ne fûmes pas aussi imperceptibles dans le salon, quoiqu’il fût beaucoup moins habité. Notre brusque apparition faillit y déranger mademoiselle Adélaïde et le plénipotentiaire, dont les mains s’étaient mutuellement faufilées d’une manière qui n’est pas ordinairement de mise dans les cercles. Comme le comte entretenait quelque part ailleurs sa bonne amie Des Voutes, et que madame de Liesseval, couchée sur l’ottomane, s’y était endormie profondément, Adélaïde et le diplomate avaient cru pouvoir se permettre, bec à bec, leur petit badinage. C’était beaucoup que mademoiselle Adélaïde, telle qu’on la connaît, s’en tînt là.

« Mimi sut également escamoter et son rire et nos personnes. Accourus avec la prestesse de l’éclair, nous disparûmes de même. « Mainte-