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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/323

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MONROSE


la réussite. Par bonheur Mimi, si vivement disputée, penche un peu pour moi ; se dérobant avec souplesse, elle met l’entreprenante Nicette en défaut ; je repousse avec ménagement cette tenace concurrente ; le champ de bataille me reste, je m’y établis en vainqueur et savoure à longs traits les délices du triomphe.

« Dieux ! quelle femme que cette Moisimont ! Quel inconcevable alliage de tendresse, de fougue, d’abandon et de délire ! Les moments heureux de la veille ne m’avaient donné qu’un léger avant-goût de tant de voluptés ; maintenant Mimi se livre sans réserve ; elle donne l’essor à tous ses feux ; elle déploie toute la perfection de sa manière ; ma fortune n’a plus rien de terrestre : je plane dans l’élément du plaisir.

« Mille glaives se plongeant dans mon sein n’auraient pu me faire sentir les aiguillons de la douleur ; à plus forte raison, hélas ! une trahison, revêtant la livrée du badinage, pouvait-elle m’assaillir sans que je fusse à temps sur mes gardes. Un accessoire si peu nécessaire qu’il faisait à peine pour moi l’effet d’une bougie allumée au moment où le soleil de midi d’un beau jour d’été darde ses rayons avec fureur ; un… je ne savais quel travail qui me semblait