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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/340

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MONROSE


représentants en sous-ordre, qui s’efforcent de paraître des géants à leur tour. J’observai que presque tous ces êtres si respectés, si redoutés des sots, étaient à mener par le nez, tout comme le vulgaire ; qu’ayant la plupart un ou plusieurs vices favoris, que certains les ayant tous, il ne s’agissait, pour pécher ces énormes poissons, que d’amorcer, pour chacun, la ligne d’une manière convenable. Sûre, grâce à toi, de ne plus prendre de l’amour pour personne, et de porter désormais imperturbablement mon cœur dans ma tête, je me dis : « Poursuivons avec acharnement la richesse et les honneurs. » Je jurai de t’aimer ; je me flattai que tôt ou tard je t’attacherais à moi ; je me réservai de goûter avec toi seul les voluptés de l’âme ; quant à celles des sens isolés, il me sembla que je pourrais fort bien les convertir en monnaie courante[1], pour acheter du crédit, des protections, de l’accès et des réussites. Oui, mon cher, telle est ma philosophie, que je crois ce système très-compatible avec une véritable et complète préférence du cœur ; car enfin les bases uniques d’un pacte entre gens qui s’aiment, sont la sympathie, l’union d’intérêt, la sûre et brûlante ami-

  1. Voici du jésuitisme tout pur. Ces secondes intentions ne sont-elles pas admirables ! (Note de l’éditeur.)