Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
MONROSE


Mimi n’eût pas le temps de réfléchir, elle s’était mise assez au fait de la conformation de notre hermaphrodite, pour qu’elle sût enfin tout aussi bien que moi que Nicette n’était qu’un charmant gîton. Après s’être justifiée pour son compte, ou croyant du moins l’avoir fait, voici ce qu’elle ajouta pour tâcher de me remettre bien avec moi-même : « Que les hommes sont fous de se forger gratis de chimériques anxiétés ! Où diable est-on allé placer un tarif d’honneur, de vertu, de honte, de repentir ! Un être singulièrement conformé te fait une sottise dans un moment où tu ne pouvais t’y opposer, mais n’y réussit point. Si cet être était femme, il n’y aurait qu’à rire de cette gaîté. Ce n’est pas une femme : tu l’ignorais. Cependant, dès que tu l’apprends, la crainte d’un déshonneur commence d’exister ; mais tandis que durait encore ton erreur, tu serres à ton tour dans tes bras l’être charmant à titre de femme, tu crois triompher d’une femme : l’illusion complète a pour toi mille délices ! Un maudit scrupule te fait vérifier, après coup, qu’il y a dans ton calcul quelques lignes d’erreur. Ici naît une prétendue flétrissure, et tu te crois dans le cas du désespoir ! Détestables subtilités, mon ami ; funeste abus du raisonnement. Pour moi, je