Aller au contenu

Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
MONROSE


de convertir en fermier général ou tout au moins en gros bonnet de la finance son petit président aux comptes de mari ; leur fortune leur permettait de faire en partie les fonds d’un cautionnement considérable. Quant au crédit pour ce qui ne serait pas en leur pouvoir, on sait comment elle projetait de se le procurer. En une seule semaine, elle avait accaparé, et payé sans doute, la voix de l’intendant de la ferme générale et de cinq des plus importants de la compagnie. Peu s’en était fallu que la veille elle n’eût aussi lié le ministre : « Mais il m’a tout promis, dit-elle, et je le connais trop galant, pour craindre qu’il me manque de parole. » J’objectai que je le voyais obsédé de femmes, et qu’il faudrait qu’il y eût bien des places à donner, pour que toutes ces dames fussent satisfaites. « Bon ! répliqua-t-elle, la plupart n’ont point de plans, ou n’en ont pas de raisonnables. Beaucoup n’aspirent qu’à des bienfaits passagers, à des pensions, à des sommes une fois payées, qu’elles sollicitent de façon qu’on ne peut guère les leur refuser sans ingratitude. D’autres n’entourent le ministre que par coquetterie : il en est, mais celles-ci sont bien dupes, qui ambitionnent de le captiver avant d’y rien mettre du leur. Trop roué pour ne pas les voir venir de dix lieues, il

9.