se renfermer dans sa maison de plaisance de
cent écus à Suresnes, abandonnant la ville et la
cour et bien résolu à jeûner jusqu’à ce qu’il eût
rempli l’énorme trou que venait de faire à son
aisance la fantaisie d’en boucher un que pourtant
il n’avait pas trouvé ! La retraite du pauvre
diable dure encore…
« Quant à moi, que Mimi donnait à son écervelé de mari pour un homme fort en crédit à la cour, et qui pourrait contribuer beaucoup au succès de leur projet de fortune, je devins le Benjamin de ce petit ménage. Rien, de la part de l’époux, ne m’eût empêché de le faire cocu à toute outrance, mais heureusement le tracas des occupations, écritures, intrigues, conférences, courses, visites passives et actives de l’épouse bornaient, en dépit d’elle-même, nos libertins loisirs. Si nous étions réduits à ne pouvoir souvent nous accrocher qu’une ou deux fois par jour, à plus forte raison le comte, à l’affût, ne trouvait-il jamais l’instant de me souffler mon amante. En vain m’offrait-il encore de mettre en commun l’avantageuse Nicette. Sans avouer que je savais à quoi m’en tenir sur le compte de cette fortune, je refusais d’autant plus scrupuleusement d’y revenir, que Mimi me priait fort de me réserver pour elle seule, assu-