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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/415

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MONROSE


n’avoir, quant à présent, aucune relation, et qui, de ton propre aveu, peut fort bien ne point donner de prise sur lui par sa conduite ? — Quant aux relations, dit-il, on en a facilement avec les gens à qui l’on cherche querelle. Je m’entends assez bien, comme tu sais, à me servir de ceci (une longue lame qu’il tira de sa canne). Il n’est pas à supposer que ce monsieur Monrose, quoique pimpant et décoré, n’aille parfois au jeu : on a vu du moins qu’il peut aller chez les femmes. Enfin on le joindra quelque part. Ne peut-on pas se rencontrer, se coudoyer[1] ? On se fâche !… En un mot, on a mille moyens, ne fût-ce que celui d’entraîner l’homme auquel on en veut, dans quelque pas-de-clerc, ce qui est bien plus amusant ; car après lui avoir fait essuyer mille dégoûts préalables, on a le plaisir de le déshonorer, tandis que, par l’autre chemin, il y a le risque des hasards et de la résistance. » Tant de scélératesse faillit de me faire éclater, mais heureusement je me contraignis.

  1. Ceux qui se sont fortement persuadés que la sublime révolution était modelée depuis longtemps, et qu’on n’a fait que la couler en 89, se prévaudront de cette audace anticipée qui égare ici le roturier Carvel jusqu’au point de penser qu’un gentilhomme daignera mesurer avec lui son épée. Ne semble-t-il pas que ce populaire Carvel aurait eu dès lors quelque soupçon de la future égalité ! (Note de l’éditeur.)