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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/428

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MONROSE


tage tous avec Armande, sans s’en douter. »

« — Fort bien, dis-je, interrompant à la fois et Monrose et Lebrun : il y a pourtant là, mon cher neveu, de quoi vous consoler ; vous voyez que la conquête du valet n’est pas plus fidèle que celles du maître : poursuivez.

« — J’enrageais, continua Lebrun, d’apprendre avec quels estafiers je partageais ma succulente regrattière. Je n’avais pas besoin de cet aiguillon, M. le chevalier, pour être dévoué plus vivement encore à votre cause : elle devenait la mienne ; je jurai dans ma barbe de pulvériser toute la clique ; mais la face des choses allait changer subitement.

« Le jour suivant, entrant comme à mon ordinaire chez notre brunette, j’y trouvai mons Saint-Lubin ; nous ne fûmes charmés ni l’un ni l’autre de cette rencontre. Pourtant il fallut que tous deux nous fissions bonne contenance. « Ah ! c’est toi, mon cher Lebrun ? » dit alors d’un ton aisé qui me choqua le calotin, familier à ce point pour la première fois. J’allais lui rendre la pareille, quand il ajouta brusquement en s’adressant à la marchande : « Souffrez, mignonne, que je vous présente le valet de chambre du meilleur de mes amis. — Quoi ! monsieur est valet de chambre ! » répliqua presque avec mé-

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