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MONROSE


me faire partir d’un éclat de rire. « Je vais écarter le témoin qui vous gêne, répondis-je. Lebrun, connaîtriez-vous quelque inspecteur de police que vous pourriez prier de se rendre chez moi sans délai ? — Je vais chez celui d’à-côté ! » dit en sortant Lebrun, qui souriait et comprenait bien que ma commission n’était que pour la frime. « Jeune homme, reprit l’insolent la Bousinière quand nous fûmes seuls, je veux bien ne pas vous faire sentir, avant d’y être réduit, à quel point vous vous exposez en manquant d’égards à un vieillard, de votre ordre, dont vous devriez plutôt songer à fléchir le juste ressentiment… Je ne veux pas avoir d’éternels repro-

    crinière blanche flottante sur les épaules, on s’écriait : « C’est le père noble ! » À la vérité, des cheveux longs n’étaient, dans la société, dévolus qu’aux gens de robe et aux fripiers des halles, mais au théâtre ils étaient l’indispensable uniforme du sentiment. Point de bon drame sans un pleureur, nommé père noble. Il y en avait de robe, d’épée, de finance. Le père de famille était, bien entendu, un père noble. MM. Vanderk, de Mélac, etc., pères nobles. Ce dernier, fidèle aux cheveux épars, n’y dérogeait pas même pour voler de Lyon à Paris en poste. Voilà de grands moyens au moins ! En un mot, personne n’osait parler morale au théâtre avec une bourse à cheveux : pas même le colonel Clainville, à qui, par grâce, à cause de son état militaire, on tolérait la perruque ronde, mais point de catogan, point de bourse, pas même un pauvre petit crapaud ! Ah ! ce fut bien alors qu’on atteignit, en France, le nec plus ultrà de l’art dramatique ! (Note du censeur.)

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