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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/476

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MONROSE


tement qu’il y avait du dessein dans la conduite mortifiante des deux amies à mon égard. Vers le soir, je voulais m’en aller.

« Elles me retinrent pourtant : ma pénitence était apparemment achevée ; on eut pour moi des manières plus douces et, par degrés, presque le même ton que du temps de ma faveur. Il fut décidé que je passerais la nuit : le souper fut gai ; les têtes s’échauffèrent. J’avais un peu de rancune ; je résolus de me venger ; mais je le fis avec douceur. Étant la plus coupable envers moi, l’altière Floricourt fut attaquée la première, et violée assez facilement… La politique de celle-ci ne lui permit pas de souffrir que son amie eût sur elle l’avantage de la fidélité. Je fus conduit, jeté dans les bras de la douce Belmont, qui, peu capable de se raidir contre le plaisir et l’amitié, voulut bien me favoriser avec sa grâce accoutumée… Mais ce n’était plus le bon temps. La rouerie et le libertinage n’ont point de magie. Après ce regain d’amour, nous nous trouvâmes si calmes, qu’il ne fut pas seulement question de passer la nuit sous les mêmes toiles. Mon amour-propre fut un peu piqué de ne voir à aucune de ces dames une idée que la crainte d’un refus m’empêcha moi-même de mettre au jour…

19.