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MONROSE


doute, ainsi que moi, mouillé ses paupières, mais il escamota ses larmes en se retirant pour l’honneur de sa fermeté.

« J’accourcis de mon mieux une scène déchirante : persuadé qu’Armande n’avait pu se résoudre à venir chez moi qu’avec des intentions louables ; convaincu que, sans cela, Juliette ne l’y eût point amenée, je dis à la malheureuse fille tout ce que je pus imaginer de consolant. Les pleurs s’essuyèrent. J’avais ordonné pour déjeuner quelque chose de plus galant qu’un simple café… Madame Faussin, qui s’était chargée des explications, me dit que dès le lendemain de notre connaissance sympathique, elle s’était rendue chez Armande, et l’avait priée de lui éclaircir toute l’affaire qui me concernait ; qu’Armande, d’avance au désespoir de la tournure que paraissait prendre cette abominable intrigue, avait juré n’y avoir d’autre part qu’une obéissance forcée par la crainte des plus cruels traitements, mais que, lasse enfin des retours trop fréquents de sa complaisance pour un père atroce, elle avait aussitôt résolu de se soustraire à sa tyrannie, de le fuir, et que, dans le cas où il voudrait s’opposer à cette retraite, elle était décidée à déposer dans le sein du ministre de la police le secret d’une