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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/483

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MONROSE


quités auxquelles on devait nécessairement s’attendre de la part du beau-père frustré et furieux. Je priai Juliette de pourvoir provisoirement à tout : elle m’en donna sa parole.

« Ces dames avaient encore de bonnes nouvelles à me donner du Marais. Cette même nuit. Béatin était mort de sa blessure, blasphémant contre le ciel et compromettant effroyablement, à travers mille imprécations, Carvel, complice de quelques anciennes débauches et d’un récent assassinat, Carvel, en un mot, l’assassin même du malheureux docteur. Carvel, mandé vers le soir, et qui ne s’attendait guère à cette horrible scène, était venu, non sans beaucoup de difficulté, car, sans parler de ses meurtrissures, que le vice d’un sang scorbutique faisait dégénérer presque toutes en ulcères, il souffrait depuis plusieurs jours de douleurs aiguës à la tête, où le chirurgien soupçonnait un dépôt mortel si l’on ne recourait peut-être à la terrible extrémité du trépan. Carvel, enflammé de rage par les propos de son complice expirant, troublé peut-être de remords et frappé de la punition que Béatin recevait enfin de ses propres crimes, avait eu sur-le-champ d’affreuses convulsions suivies d’une faiblesse : on l’avait rapporté chez lui dans un état qui ne permettait pas d’espérer qu’on pût lui conserver la vie. »