un galant homme qui l’entretînt. J’arborai
donc sur-le-champ le caducée, et… « Comte,
lui dis-je, vous allez voir que votre visite n’aura
pas été de pur hasard. N’est-ce pas, Juliette,
que nous sommes, vous et moi, payés pour croire
à la prédestination ? La Providence est une
bonne mère qui, veillant avec soin sur les honnêtes
créatures affligées, les rapproche souvent
exprès, pour qu’elles n’aient plus qu’à s’accrocher
et se consoler… Comte (lui montrant
alors Armande), voilà mademoiselle qui vient
d’essuyer de violents chagrins qu’elle n’a point
mérités. (Il fallait bien mentir un peu, pour dorer
la pilule.) Je vous connais assez tous deux pour
être certain que vous feriez ensemble un excellent
ménage. »
« À peine avais-je achevé, que le satyre décoré, dont les yeux lançaient déjà des éclairs, se lève et vient jeter amoureusement ses bras autour de la stupéfaite Armande, lui disant : « J’espère, bel ange, que vous ne dédirez pas mon ami ?… — Mais, monsieur… je n’ai pas l’honneur de vous connaître… — Tant mieux : nous y gagnerons le plaisir de nous étudier. » Je dis ce qu’il fallait pour encourager Armande. Juliette, pour qui ma négociation était un hommage, se mit de la partie, et prenant la main de