rose. Ce couple, aussi charmant de figure que
doué de talents, m’avait été recommandé par le
père, habile peintre, fixé depuis longtemps dans
une grande ville de province. Le jeune Saint-Amand,
de retour de Rome, peignait comme un
ange ; Aglaé, quoique n’étant jamais sortie de
Lyon, m’égalait sur le clavecin et la harpe, et
chantait presque aussi bien que moi. Adorée
de ces deux êtres non moins sensibles qu’aimables,
je les aimais, je les avais… car il faut
t’avouer, cher lecteur, que, depuis quelques
années, mes recherches philosophiques sur les
causes du bonheur et sur les différents moyens
d’en étendre les bornes, m’avaient conduite à
reconnaître que tout de bon notre sexe peut
trouver dans son sein même des ressources infinies ;
en un mot, j’avais tout à fait abattu
depuis longtemps, par goût, la barrière que
cette folle de Thérèse m’avait fait franchir autrefois
par caprice[1].
- ↑ Voyez Mes Fredaines, quatrième partie, chapitre X, page 43.