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MONROSE


dire ma Cécile, ma Babet et la piquante Rose de mon amie Liesseval.

Pendant que ces gens-là s’escrimaient à la sourdine avec toute la fureur de la jeunesse et de la santé, des scènes moins pétulantes se passaient dans le secret de mon intérieur. Depuis assez longtemps d’Aiglemont, dégoûté du pâté d’anguilles[1], négligeait un peu sa charmante moitié ; celle-ci ne s’en était point encore vengée, mais ses sens en avaient souvent donné le séduisant conseil à sa vacillante fidélité. Dans cet état de fluctuation, l’inflammable marquise avait saisi sans beaucoup de peine les éléments du système lesbien[2], et s’était accommodée tout de suite du mezzo termine de ma galante amitié.

Dès que nous fûmes un peu libres ensemble, je la poussai dans la doctrine de cette douce hérésie que professe avec tant de hardiesse et de gloire l’adorable F....y[3]. Bientôt même

  1. La Fontaine, dans le conte de ce nom.
  2. C’est Lesbos, la patrie de Sapho, qu’on accuse ou qu’on remercie d’un genre de voluptés à la pratique desquelles le sexe masculin n’est point admis.
  3. Pas une des nombreuses élèves de cette Sapho ne parle d’elle sans enthousiasme. Plus d’une femme, après l’avoir déchirée, a fini par l’adorer ; les hommes à prétentions ont la bassesse de l’outrager : tout cela est dans l’ordre. (Note de Félicia.)
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