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MONROSE


cœur et ses sens, que je l’avais enveloppée de mes lacets féminins et mise en tiers dans nos saphiques jouissances. J’avais également fait mystère à Monrose d’un sentiment qui, s’il l’avait pu soupçonner, aurait infailliblement monté sa tête ; d’où mille extravagances plus que probables entre un ardent agresseur et une femme timorée que les efforts de la séduction auraient sans cesse avertie d’être sévèrement sur ses gardes. Heureusement le hasard avait fait passer un difficile nœud. Il devenait égal désormais que la marquise continuât de brûler ou se refroidît, qu’elle captivât Monrose ou qu’elle désespérât enfin de fixer ce volage : tous les dangers de l’amour sont passés dès l’instant de la jouissance ; elle est comme l’éruption de la petite-vérole : il ne s’agit plus que de savoir ensuite s’il n’y paraîtra pas, ou si l’on conservera des marques de ravage de l’affreuse maladie. Je conjurai l’aimable marquise de s’en rapporter absolument à moi du soin de la traiter jusqu’à la fin des grands accidents de sa situation critique. Je n’étais point un médecin austère : le régime était surtout ce dont je voulus pleinement la dissuader. « Usez cet amour, lui dis-je, de peur qu’il ne vous use ; éprouvez, enchaînez votre jeune amant à force de le ren-