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MONROSE


ne suis point homme à leur vendre si cher de médiocres bienfaits dont elles-mêmes ont voulu resserrer les bornes… — J’ai perdu, ripostai-je, et ces détails justifient, contre mon ancienne opinion, le cher Monrose, qui leur a fait si vivement sa cour. — Elles l’aiment encore, et le regrettent ; souvent elles m’ont parlé de lui, et ce n’a jamais été sans faire son éloge ; mais elles le plaignent de s’être jeté… »

Cette conversation fut interrompue par une singulière et bien funeste nouvelle. Monrose, qui l’avant-veille avait disparu vers le soir, après avoir fait dire qu’il serait de retour pour la répétition de la première comédie publique, Monrose arrivait de Paris blessé, et dans le cas de fuir ou de se cacher avec un soin extrême : il venait de se battre et de tuer son homme !

Jugez, cher lecteur, de l’effroi, de la consternation, des pleurs, des cris, de la confusion générale que causa le fatal événement. Songez que, de huit femmes, maîtresses ou soubrettes, que vous savez réunies chez moi, la seule Aglaé n’avait point reçu dans ses bras l’adorable mortel. Aglaé pourtant ne se montra pas la moins sensible au malheur du banal Adonis, lorsqu’il fut amené, faible, défait, parmi les huit Vénus. Mais, que dis-je, huit ! Il y eut une de nous qui