Aller au contenu

Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/562

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
MONROSE


l’envie d’étendre à mes pieds l’atroce calomniateur sous un coup mortel de mon épine, déjà si fatale à l’exécrable Carvel. Mais je me suis contraint. Immobile, parfaitement maître de moi, j’ai préféré d’attendre comment allait se conduire son digne ami. « Quoi ! s’est écrié celui-ci, ce drôle à qui je faisais l’honneur de le prendre pour un galant homme, n’est que le valet de mon polisson ! Il n’y a pas à hésiter, mon cher la Bousinière, il faut à l’instant faire avertir un commissaire et… »

« Au regard subit de l’effrayé la Bousinière, Belmont, averti lui-même par le cri de sa conscience, a paru saisi d’effroi pour avoir inconsidérément prononcé le terrible nom du premier scrutateur des êtres de leur sorte. Leur embarras, leur muette stupeur ont mêlé pour moi d’un moment de plaisir cette scène désagréable. J’aurais donné beaucoup pour que mes vieux criminels s’enferrassent ainsi tout de bon dans le glaive de la justice… « Mais non ! a tout de suite ajouté le Belmont, ceignant enfin son épée de prévôt de salle ; le petit monsieur… m’attend ? — Et de pied ferme ! — Eh bien ! puisqu’il fait semblant d’avoir du cœur, je daignerai lui faire l’honneur de me mesurer avec lui ; quant à toi, l’ami, nous serons toujours à temps de te faire pendre… »