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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/581

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MONROSE


ne lui permit qu’une idée : c’était que le frère et la sœur s’écartaient ainsi pour se donner, à l’insu de la société, des preuves mutuelles d’amour !

Il crut même faire un coup de maître en me révélant le soupçon. Les cartes brouillées, ses actions ne devaient-elles pas hausser rapidement ! Me désenchanter sur le compte d’Aglaé, n’était-ce pas se procurer plus que moitié des moyens de l’avoir ! Cependant je ne fis que rire de son insidieuse confidence, et le traitai d’extravagant.

Plusieurs jours encore la promenade fut continuée, et toujours on se reposait pendant un quart d’heure dans la petite chapelle. Chaque fois le veneur, embusqué, suivant de loin la marche, ne perdait pas une circonstance du trajet, de la durée, de la station et du retour. Nouvelle ébullition de désirs, nouvelle accusation auprès de moi, nouveau persifflage de ma part.

Le jour où je crus que mon secret dessein pouvait s’accomplir, je fis paraître Aglaé dans un costume d’un nouveau genre et très-remarquable. Vers le soir elle se déshabilla secrètement chez moi. Pour lors, ce fut la marquise qui se revêtit de tout ce que ma vestale quittait,