ce rival. Pendant ce temps-là j’occupais agréablement
le lésé Monrose ; je lui faisais entendre
que s’il voulait me promettre d’être plus sage
qu’à Paris, je le traiterais plus souvent aussi
bien. Aussitôt il me jura de vivre désormais
comme un ange, si je daignais l’engager à poste
fixe. Mais comme je n’avais pas plus d’envie
de le lier que d’être moi-même liée, je ne profitai
point de sa flatteuse résignation. Le seul
prix que je mis à ma faveur, qu’il me prouvait
si bien lui être toujours infiniment chère, fut
qu’il ne se regardât plus comme unique propriétaire
de madame d’Aiglemont. L’ayant promis,
et soutenant à merveille la confidence que
je lui faisais du début de Garancey auprès de
cette dame, il fut sur-le-champ récompensé par
l’assurance que le lendemain, à la même heure,
il se retrouverait dans les bras de l’enchanteresse
Aglaé. Le transport où cet avant-goût de
félicité le jeta, ne peut se décrire. Il ne tenait
qu’à moi d’en abuser ; mais j’étais trop généreuse
pour ne pas lui laisser de quoi jouir pleinement
de sa future chance. Un court espace
de temps vit ainsi façonner, à part, tous les
rouages et les ressorts d’une mécanique qu’au
premier jour je pouvais me flatter de voir organisée.
Dès que je ne pus plus douter du succès
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MONROSE
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