complet de ma difficile politique, je risquai la
proposition d’une promenade au petit bois. Tous
acceptèrent avec un transport qui mit le comble
à ma satisfaction. Ce fut sous ce même feuillage
où l’heureux Garancey, certain jour, avait fini
chez Aglaé l’ouvrage dégrossi par Monrose ;
ce fut là qu’aux yeux d’Aiglemont, le même
Garancey eut la fortune de posséder la marquise,
ce qu’on peut bien nommer un nouveau
triomphe. Il est vrai qu’il subissait à son tour
l’épreuve de voir le marquis rival, et comme
époux, et comme amant, mourir sur le sein de
ma pupille, tandis que Monrose expirait sur le
mien.
Mais ne vous abusez pas, confidents étonnés de cette scène, et n’allez pas y voir une vile prostitution, ni l’oubli total de la délicatesse, ni l’avilissement d’un époux, d’une épouse, ni la dégradation d’une ravissante créature dont je vous ai peint avec tant d’avantages les charmes, le caractère et les talents. Sous cet aspect vous verriez tout à faux. Sachez que la transfusion morale de tous ces êtres surabondamment aimantés, les honore, loin de les ternir ; que le sacrifice de quelques intérêts de pur préjugé n’a point été dicté par le grossier instinct des sens, mais qu’il est l’effet du plus noble désir