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MONROSE


je les avais vus ensemble, je recueillis ce fragment d’un bien intéressant entretien « … Je ne suis pas de cet avis, mon toutou. Vingt-trois ans à peine, ta figure, l’avancement, tout de bon honorable, que tu as déjà par devers toi ; ton excellent autant qu’aimable esprit, qui te rend bien plus recommandable que tout le reste, voilà trop de titres pour que tu ne les fasses pas valoir. Qui mieux que toi peut marcher à grands pas vers la fortune ? Dire que tu le peux, ce n’est pas assez ; tu le dois. — Pourquoi, ma chère ? Seul au monde du nom de Kerlandec… — Tu te marieras, mon ami, et dès lors tu ne seras plus seul. Ne suis-je pas fondée, fripon, à te prédire lignée ?… » Un bon baiser fut le point final de cette période. « Supposons-la, cette lignée ; que puis-je faire dès à présent pour elle ? On est en pleine paix ; viendrai-je me jeter, au péril de mille dégoûts, à travers une foule d’aspirants, pour leur disputer quelque emploi ?… Au dessous de mon grade, je n’accepterais rien : tu sais combien tout le reste est recherché, envié. Quelles brigues, quelles cabales, quelles noirceurs, au besoin, les gens surtout qui n’ont aucun mérite, mettent en usage !… — Écoute, crois-tu que je t’aime ? — J’y crois autant qu’à ma propre existence. — Crois-tu qu’ayant plus