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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/726

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MONROSE


lui sourire, et le comblèrent d’éloges. Éléonore observait qu’il avait infiniment gagné quant à la figure, et qu’au moral il justifiait bien l’adage qui dit que les années perfectionnent l’amabilité du Français.

« — Et c’est pour un procès, mes amis, que vous êtes ici ? Bénis soient vos adversaires qui me procurent l’ineffable plaisir de vous revoir ! Mais (redoublant d’embrassades) nous le gagnerons, ce beau procès ; nous verrons un peu si le conseil ne déchiffrera pas, dans ces traits-là, tout le bon droit qui peut avoir échappé à vos imbéciles juges de province. Madame de la Caffardière n’aura qu’à se montrer ; oui, je vois d’avance, tout entier dans ses beaux yeux, l’arrêt favorable… Mais n’admirez-vous pas, comtesse, à quel point le mariage est le fard des brunes ? Ne remarquez-vous pas que les enfants ont effacé de cette teinte… Excusez ma franchise, chère présidente. C’était alors votre unique défaut : vous étiez un peu tirant sur le basané ! Maintenant vous êtes vraiment superbe. Et le cher mari donc, comme il a profité ! Mais c’est qu’il est méconnaissable ! Quand je me rappelle sa figure d’alors !… Un grand bêta, sans aplomb, dégingandé, le corps en avant comme cela… les pieds en dedans, marchant comme un