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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/773

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MONROSE


gente pour lui refuser des consolations. En conséquence, ma sœur exigea que, dès son arrivée (dont je pus jouir à l’instant, ayant été prévenue par un courrier), je ne la quittasse point jusqu’à ce que, libre des premiers soins de l’installation, elle pût encore renvoyer dans son appartement particulier certaine jeune compagne de voyage, et nous ménager enfin le moment de causer sans témoin. Quant à Monrose, sa mère elle-même m’avait priée de lui laisser ignorer jusqu’au lendemain qu’elle était à Paris. Les temps étaient bien changés !

« Chère Félicia, me dit ma triste sœur, après un prélude d’attendrissement, de caresses et de larmes, tu te souviens de l’époque où, mère d’un fils de Sidney, je me félicitais d’être la plus heureuse femme de la terre. Alors, au contraire, il te parut que milord commençait à mieux aimer son pays que sa femme. Tu me dis un beau jour que l’Angleterre et ses habitants n’étaient nullement ce que ton inexpérience t’avait fait présumer ; que chaque jour il se fermait quelques portes de communication entre mon époux et toi, qu’en conséquence tu te disposais à sortir incessamment de la vaporeuse Angleterre. Que n’eus-je, hélas ! le bon sens de te suivre, comme tu m’en conjurais ! Je m’y serais