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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/795

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MONROSE


points, voici ce que, franche à contre-cœur, ma pauvre sœur ajouta :

« J’avoue que la nuit même qui avait précédé cette fatale visite de mon époux, j’avais commis une faute insigne.

« Nous étions tous, depuis quelques jours, à cette jolie campagne de lord Kinston où, dans le bon temps, j’allais volontiers avec toi chercher le repos si nécessaire aux individus que n’amuse pas le tracas de Londres. Toute notre maison, et bien entendu mon fils, quoiqu’il n’aimât point Kinston, était aussi du voyage.

« Dès le lendemain de notre arrivée dans cet agréable lieu, mistress Brumoore m’avait confié que le capricieux Kinston venait de lui faire des propositions fort séduisantes, et que moitié tempérament, moitié spéculation, elle était bien tentée d’y être favorable. Je vis clairement que Sara ne demandait qu’à se voir encouragée ; mon aveugle amitié l’emporta sur une délicatesse… que, hélas ! à la vérité, je ne connaissais plus, quoique encore exempte alors du crime d’une complète infidélité. Bref, je fus indulgente, et tout de suite l’adroite Sara partit de là pour avoir l’air de ne se décider que d’après mon conseil obligeant. Deux jours après, à titre de confidente d’une passion dont on pouvait,

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