Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/797

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
MONROSE


qu’un songe lascif. Tandis que j’en méditais avec délices les extatiques voluptés, milord était venu m’écraser de sa foudroyante mercuriale. Ce qui, pour le coup, n’était point un songe, c’est que deux heures après la funeste visite de mon époux, il fallut reprendre avec lui tête à tête le chemin de Londres, où je ne revis en effet ni mon fils, ni miss Charlotte, ni la soi-disant amante de Kinston. Dès ce jour, Sidney me montra toute la sécheresse d’un homme, à la vérité, maître de lui-même, et qui ne s’abaisse point à de vils reproches, mais dont les bons sentiments paraissent aliénés pour la vie.

« Nouveau malheur : bientôt quelque chose de fort régulier chez moi me manque ; le mois suivant un doute se confirme ; le troisième mois il n’y a plus de moyen de douter. Mes formes changent à vue d’œil… — Mon beau-frère, interrompis-je avec effroi, n’avait aucune part ?… — Aucune. — Ah ! malheureuse ! que vas-tu devenir ? »

« Un médecin appelé, mais qui m’a fait avertir de ne point me troubler à sa vue, déclare tout haut, devant plusieurs témoins, que je suis atteinte d’hydropisie, et me dit tout bas, hélas ! sans rien m’apprendre, que je fais un enfant. Depuis cette époque, l’obligeant esculape me