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MONROSE


n’eus à subir aucun mauvais procédé, du moins me laisse-t-il le supplice de sa complète indifférence et d’un genre de vie monotone qui me fixe d’instant en instant sur le déchirant souvenir de ma honte.

« Mais le temps, qui triomphe tôt ou tard des plus profondes impressions, vient insensiblement à bout de me remettre bien avec moi-même. Sidney, près de qui de fréquentes rechutes me mettent dans le cas de déployer les plus tendres soins, y est du moins sensible ; je lui suis nécessaire ; il me traite un peu mieux, sans s’en apercevoir. Mais les moindres nuances de sa conduite sont par moi si bien observées ! Un sourire, un mot d’amitié sont pour mon cœur de si balsamiques consolations ! Cependant, il ne m’est pas moins impossible encore de recouvrer une ombre de part à sa confiance ; chaque retour de sa santé n’a jamais préparé celui de sa familiarité conjugale. À la longue, je m’oublie, je m’apprivoise avec l’idée de trop de dureté de la part de mon époux ; j’ai le front d’accuser d’injustice, dans le fond de mon cœur, celui que je ne puis dissimuler d’avoir mortellement offensé ; persuadée qu’il l’ignore, j’ose trouver mauvais qu’il se conduise à peu près… comme il serait excusable s’il était instruit. »