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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/807

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MONROSE

« Sans doute on ne pensait plus guères à mon oblique déclaration de la veille, puisque, sur le soir, à l’insu de la vigilante Sara, je pus entretenir tête à tête au jardin la charmante petite. Ce fut elle qui la première mit les fers au feu pour un éclaircissement. « Hier, monsieur, me dit-elle, vous croyiez peut-être vous moquer de moi ? Mais sachez que je n’entends nullement raillerie sur le chapitre de l’amour, et que si quelqu’un faisait mine de m’aimer, je saurais bien le faire expliquer, afin d’agréer son hommage si cela pouvait me faire plaisir, ou de le congédier s’il n’avait pas le don de me plaire. »

« Un garçon de seize ans est tout au moins aussi enfant qu’une petite fille de douze[1]. Le raisonnement de cette morveuse m’embarrassa malgré mon expérience… « Eh bien ! mademoiselle, lui dis-je en balbutiant, si… je vous

  1. Si quelqu’un s’étonnait de voir un enfant de douze ans si précoce et pour l’amour, et pour le raisonnement, on le prie de se souvenir qu’en tout pays il y a des jeunes personnes sensibles dès l’enfance et dont les organes physiques ont de très-bonne heure leur maturité. Voilà pour l’amour ! Quant au raisonnement, l’Angleterre est son vrai climat. On y fait penser les enfants à l’âge où les nôtres savent à peine parler. Aussi ne trouve-t-on que là des miss Grandisson et des Clarisse, tout aussi invraisemblables dans leur genre que miss Charlotte dans le sien.
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