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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/823

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MONROSE


ma chère tante, tout ce qui pouvait résulter d’une pareille visite ! »

Mes yeux et ceux de ma sœur se parlèrent aussitôt ; mais nos bouches gardèrent le silence. J’étais à la fois étonnée et d’une immoralité que la fougue des passions justifiait à peine, et de cette naïve candeur avec laquelle mon coupable neveu se confessait devant sa mère, presque étrangère pour lui, tout aussi naturellement que s’il n’eût été qu’avec moi. Je me reprochais presque d’être cause qu’un enfant que j’avais si bien lancé dans la route de la pure nature, n’eût pas eu le temps d’acquérir la moindre connaissance des égards que chacun doit à la société. Une foule d’idées me vint en peu d’instants à ce sujet : l’une d’elles fut que l’aventure de Monrose à Londres le retraçait à peu près tel qu’il était avant de servir. Si les mousquetaires ne pouvaient l’avoir corrigé d’être un étourdi, du moins ne l’avaient-ils pas dépravé. Sa faute à l’égard de mistress Brumoore elle-même était celle d’un espiègle plutôt que d’un roué, tout en se conduisant par un autre intérêt, comme peut-être, en pareil cas, un roué l’aurait fait. C’était encore, à vingt-trois ans, après avoir voyagé, mené la vie de Paris, c’était encore presque le même