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MONROSE


de Sara. L’ouverture du cabinet nous laisse apercevoir de la lumière ; j’entends mistress dire d’une voix colère et ferme : « En croyez-vous enfin vos propres yeux ! Voyez ! Est-ce bien elle avec son… » Un cri sourd acheva la phrase… « Scélérate ! » s’écrie milord Sidney, dont je reconnais la voix. En même temps je crois entendre tomber lourdement mistress Brumoore. Julien gémit aussi d’un coup de poing vigoureusement asséné. Je juge cependant qu’il échappe sans plus d’obstacle. Nous sommes perdus, miss Charlotte et moi, si les auteurs de cette scène parviennent jusqu’à nous ; mais… tout est prodige dans cette scabreuse aventure… La lumière a disparu… Le silence succède promptement au tumulte… Plus morte que vive, et se pressant contre moi, frémissante, Charlotte enfin se rassure un peu. Son premier mot exprime qu’elle n’a tremblé que pour moi. « Sauve-toi, me dit-elle… mais par la fenêtre, mon ami… Ce calme est trop menaçant. — Te quitter ! Charlotte ; te laisser seule ! — Eh ! s’il faut que je périsse, dois-je t’entraîner avec moi ! — Périr ! pourquoi, mon cœur ? Nous n’avons point été découverts. — Eh bien ! fuis, fuis, je t’en supplie… — Oui, Charlotte (la quittant), il faut vivre pour te servir… — Ou pour me venger ! »