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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/837

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MONROSE

« J’eus l’honneur, maman, de vous écrire coup sur coup… Point de réponse… À milord Sidney, à Patrick, à milord Bentley… J’aurais écrit au diable… Réponse de nulle part ! Je ne crus pas nécessaire de faire un voyage pour m’assurer moi-même d’un état de disgrâce générale dont il n’était guère possible de douter. Sur ces entrefaites, l’idée me vint d’aller servir en Amérique. Une occasion se présente. Cependant ma mère, mon ancien bienfaiteur, ma petite bonne amie vivent tous en Angleterre… Mais il semble que l’univers m’abandonne… et je suis Français. La chère comtesse en voyage, et que je ne saurais où prendre, me manque bien dans mes premières irrésolutions. Un adroit missionnaire, alors l’objet d’une sorte de culte, m’inganne, par les sophismes de sa sentimentale politique. Un intrigant à la mode, sur le compte duquel je ne veux écouter que ses sots admirateurs, faisait alors métier de préparer les voies. Il me reste encore deux cents guinées de trois cents que milord m’avait fait remettre au moment de notre séparation ; d’autres jeunes enthousiastes de l’indépendance sont sur le point de voler aux enseignes de Washington, je les joins ; nous traversons les mers, au delà desquelles nous ne doutons plus d’être impatiem-