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Page:Nerciat - Monrose, 1871.djvu/846

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MONROSE


vous aimez trop celui que jusqu’ici nous n’avons pas eu l’occasion de juger susceptible de prendre autant d’amour. « N’êtes-vous pas bien chanceux ? lui dis-je, et ne sentez-vous pas tout ce que vous devez à cette femme charmante, qui s’occupe si généreusement de lier votre bonheur au plaisir qu’elle se promet en vous fixant près d’elle ? — Oui, chère comtesse, je sens tout mon bonheur… et j’en rougis. — Comment ! seriez-vous assez ingrat !… — Ne me faites point injure : j’ai pour la marquise une tendresse… — Vous m’impatientez ! A-t-on jamais prononcé tendresse avec cette tiédeur ! et puis est-ce le mot ? Que n’ajoutez-vous encore (avec son ton)… et une reconnaissance !… Mais où est votre esprit ? à peine m’écoutez-vous ! — Ma chère comtesse (en soupirant), plaignez-moi ; j’ai du chagrin. — Dans ce moment-ci ! voilà certes qui est bien flatteur pour la marquise ! — Plus que vous ne pensez. — Expliquez-vous. — Je ne suis pas digne d’elle. — Quel scrupule subit !… — Je ne mérite de la part de personne des sentiments distingués lorsque… S’il faut vous parler à cœur ouvert, je ne m’estime pas beaucoup moi-même. — Vos motifs ? — L’arrivée de ma mère a déchiré l’épais bandeau qui tenait mes yeux bouchés : ma con-