moiselle Brigitte se croit autorisée par les circonstances
à prendre un rôle dans les amours
d’une jeune personne placée entre deux rivaux.
Quelle félicité !… Devenir confidente ! servir,
à découvert, le prétendu désigné, mais en secret
l’ami du cœur ! se trouver sans doute dans une
espèce de travail politique et suivi avec le beau
valet de chambre ! Cependant une moitié de
la joie de cette spéculatrice Brigitte est soudain
supprimée, quand, à ce qu’elle croit devoir être
reçu comme l’annonce d’une importante découverte,
miss Charlotte répond froidement : « Je
ne vois rien d’extraordinaire à ce que le fils de
milady, puisqu’il est à Paris, cherche sa mère
qui vient d’y arriver. — Mais il paraît que milady
ne le croyait point en France !… — Que
vous avez d’esprit ! Cependant qu’il y fût ou
non, qu’est-ce que cela me faisait à moi ! »
Charlotte ne put rien ajouter. Heureusement
elle écrivait : penchée sur son papier, et ayant
soin qu’il n’y tombât point de larmes, elle put
dérober à la curieuse observatrice l’excès d’une
terrible émotion. Avant le retour de milady
Sidney, elle avait eu le temps de se remettre.
Si Brigitte crut devoir parler à sa maîtresse de l’apparition d’un domestique, elle le fit en particulier. Miss Charlotte ne dit rien. Milady